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Des lieux

Les Ateliers de traverse

déclinent leurs activités

dans plusieurs régions

Agenda

 Actualités des pôles régionaux

 

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Ateliers de traverse 14

" Preuve et Epreuves du sentiment en littérature" 

décembre 2013

à Caen

 

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Ateliers de traverse 30

 

Le rêve de...

  le 19 février 2014

à Nîmes

 

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Ateliers de traverse 76

Ateliers du jeudi 

saison 2013 - 2014

à St Germain des Essourts

 

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Ateliers de traverse Lilas - Paris

Fais ton cinéma!

saison 2013 - 2014

à Paris

 
27 août 2005 6 27 /08 /août /2005 10:56

Oui.

Un passage étroit.

La femme qui lance des serpents avec des yeux comme des forges.

 

Oui.

C’est un peu de cela.

Judith rejoignant le désir d’Holopherne.

 

Les chaussures orthopédiques – assurément – ont joué un rôle moteur.

Après – oui – ce tâtonnement de la grosseur d’un caractère.

 

Les italiques dantesques couchées dans la fange de l’inconscient commençant déjà à dégueuler d’étranges femmes-troncs.

 

Ecrire.

Faire descendre le seau au fond du puit.

 

La poulie grinçante remonte des auto-portraits vitriolés d’Arthaud-Le-Momo.

Ce môme qui me nargue avec son air de « moi j’suis tout nu et je t’emmerde ».

 

L’œil vissé à l’orifice. Le doigt à faire le tour.

Dans un sens puis dans l’autre.

Légèrement mouillés.

 

Oui.

Un passage étroit

Avec des manches amples.

Un col « Souviens-toi ».

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18 juin 2005 6 18 /06 /juin /2005 10:49

Oui, un tout petit mouvement. Infinitésimal. Quelque chose qui balance comme « I speak. I mean ». Le grand danois qui colle une étiquette sur la porte du 71. Ça démarre avec quoi cette fois ? Alcoolique ? Pas organisée ? Autre chose ? La mort encore ? Son visage inquiet. La faucheuse qui part au quart de tour. Accrochée à l’échelle de pompier. C’est pas en haut que tu vas me trouver. Mais si c’est en bas que tu veux aller, on va y aller ensemble. Les Enfers. Tu vas voir. La cave est moisie. Paris est moisi même s’il fait 28°, en apparence. Son visage est inquiet parce que son mari l’a abandonnée sur le seuil de la boutique. Indésirable. Quoi, 5 secondes. 5 secondes, ma chérie. Te mords pas la joue, putain ! C’est pas la fin du monde. Donc revenir au point de départ. Un tout petit mouvement, infinitésimal. Un froncement du sourcil peut-être. Oui, mais pas tout seul. L’aile du nez ? L’aile du nez est pincée. La lèvre supérieure, légèrement affaissée. Un peu tombante. Il y a plus que ça. Plus que ça. Tu t’agites. Tu brasses. L’espace est pas assez grand pour dire ça.

Alcoolique. T’as la scène pour toi ! Ici, c’est tout petit. Tout petit.

Nip Tuck. Projection privée. Tu charcutes. Tu y penses. Ça se voit comme un nez au milieu de la figure. T’aimes pas ça. Tu regardes quand même. Toile cirée. Ta main sur la toile cirée. Pour le corps du délit. Tu peux nettoyer après. C’est facile. Un coup d’éponge. Tu peux extraire le plus gros si ça te chante. La tumeur. Je dirai rien. Je répondrai pas. Rien. Nécrose. C’est agaçant. Je sens bien que ça t’agace prodigieusement. Cigarette. Il allume une autre cigarette. Allume une autre cigarette. Tu aimes théâtraliser. C’est à coup sûr cela. Il te faut théâtraliser. Toute la rue doit savoir.

Donc revenir au point de départ. Un tout petit mouvement, infinitésimal. Les portes qui claquent. Non, les portes qui claquent, c’est moi. Les crottes de mouche émotionnelle, aussi. C’est comme ça. Tu crois qu’on modifie le cours des choses parce qu’on le décide ? Si cette conne s’empêtre dans le rideau, tu crois que c’est sa faute ?

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28 mai 2005 6 28 /05 /mai /2005 16:55
 « Le long des quais - déjà deux ans depuis qu’il avait croisé la fille - Martin, le boucher, suit Mademoiselle De La Tuile.

-              Une corde. Parce qu’après tout, c’était la vie. Ça s’arrêtait un jour. C’est tout. Y avait rien à dire à ça. »

Pour Martin, l’univers se résume à peu de choses. Deux mètres de paillasse à récurer chaque soir au jet. La visite avec le fournisseur deux fois par semaine - une viande de première qualité qui avait assis sa réputation dans le quartier. Et une collection de lames, scies, hachoirs, tranchoirs, royalement hérités d’un grand-oncle boucher dans l’armée puis tardivement reconverti dans les antiquités, plus particulièrement les ex-voto de la première guerre. Martin se suffisait de ça et ça suffisait à Martin. Ça et un goût prononcé pour les Maximes de La Rochefoucauld.

« Quand on ne trouve pas son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs ». Ce matin là, pourtant, le destin va lui prouver le contraire.

  Un premier roman incisif autant que décisif, dans un style décapé et une langue qui bouffonne aux entournures. Martin nous coupe en tranches et Martha Chelon, l’auteur, nous invite au festin. C’est le ventre même du désir humain et de ses limites qui est disséqué ici  au terme d’une enquête aussi étrange que passionnante.

    Martha Chelon, un auteur à suivre !

 

 

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19 mars 2005 6 19 /03 /mars /2005 16:21

Ouvre. Ne regarde pas.
Claire avait tendu la main, paume ouverte, devant lui.
Il y avait déposé quelque chose de rond, d’inégal.
Pas un caillou.
C’était petit.
Pas froid.
Végétal.
La surface était granuleuse. Un peu collante.
Tu peux refermer maintenant. Tu regarderas plus tard.
Claire avait obéi.
Elle avait attendu d’être dans sa chambre.

Tu peux refermer maintenant.

Claire a quatorze ans.
Hannah sur le trottoir, à côté.
Son père vient de passer. Dans le périmètre de surveillance.
Claire a eu honte.
Manu.
En justaucorps.
Noir et vert.
Claire voit de l’immatriculation partout.

Tu peux refermer maintenant.

Aujourd’hui, Hannah a réussi un tour de force.
Elle a fait transférer Manu à la Muss.
Plus de camisole.
Que de l’amour.
Et un justaucorps qui flirte avec le diable.
Hannah mesure un mètre vingt peut-être.
Ils sont allés fêter ça sur la terrasse.
Il faisait doux.
Les eaux de l’Iton s’écoulaient tranquillement.
Claire laissait ses doigts traîner dans le courant.

Tu peux refermer maintenant

Manu a roulé un joint.
Il souffle quelque chose dans le cou de Claire.
Un mot qu’elle doit décrypter lettre après lettre.
Manu écrit sur des calepins Martini on the Rock’s.
Café de l’Univers.
Les lumières sont trop vives. Le Picon trop sucré.
Manu a la gaule dans son collant et Hannah peut se montrer menaçante.
C’est ce qu’elle fait.
Périmètre de surveillance.
Claire a la bouche sèche.
Claire a quatorze ans.

Il lui avait demandé de fermer les yeux, croyait-elle.

Le vent plaquait ses cheveux sur sa bouche, flattait doucement la colline.
L’orge sauvage s’était renversée sous le poids des corps.

Tu peux refermer maintenant.

Claire se dit que l’eau du bain refroidit.
Que Manu lui met des objets bizarres entre les cuisses.

 

Le Beffroi sonne en bas.
Colline Saint-Michel. Quatre heures. Que des dragons terrassés, en bout de course.
Ils sont tous là. Ils décapsulent des bières. Ils roulent des joints.
Les graines crépitent.
L’air est chargé.
Âcre et humide, il se déverse ainsi.
Claire a envie de pleurer.
Leur présence. Les rires qui fusent. Les filles en jupons.
Ils ont quelque chose de tragique qui n’échappe pas à Claire.

Et peut-être s’est-elle finalement endormie ?

Ils descendent les échelettes.
Ils chantent « Lady day, dream away… ».
« Et merde pour Hannah ! », dit Manu. Il a gardé le justaucorps.
Il lance sa bouteille vide en passant. Dans les herbes.
Il en donne deux ou trois pleines aux clodos du coin.
Attends mon pote- des vrais, des par-choix.
Les poches de son imper pendouillent.
Suspendue dans la gravité, Claire.

Tu peux refermer maintenant.

Le fils du banquier en tête, ils descendent vers le centre.
En bas, l’air est mou et gris.
Il peut se passer n’importe quoi.
Un flic belliqueux. Ou bien Jeffie va se prendre pour un oiseau et attaquer les parcmètres.
Ou pire, son père. Un autre monde.

Tu peux refermer maintenant.

Claire s’est enroulée dans la couverture.
Ses seins comme des boulettes de shit que l’on brûle.
Sous haute surveillance.

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18 décembre 2004 6 18 /12 /décembre /2004 10:43

La porte du Hammam était verrouillée.

Les ferrures dataient de l’époque du ksar, comme les dattiers qui entrelaçaient leurs palmes avec nonchalance.

Derrière les veines épaisses du bois, elle sentait leur souffle. Elle sentait les mèches d’olivier claquer sous la pierre centrale et les vapeurs de la Javel remontaient la rue, effaçant au passage les histoires que les femmes avaient partagées la veille.

Elle frissonna.

Il était tôt. Trop tôt peut-être. Fouzia lui avait répété plusieurs fois ce matin là qu’elle devait se méfier : « Ma fille, ce sont toutes des vipères, Allah me pardonne, mais sous le miel, il y a le fiel, tu verras. Tu verras, ma fille, ce que je te dis. N’écoute pas leur langue. ». Et elle avait pressé sa main par dessus la table comme elle le faisait avec les figues pour en apprécier le moelleux.

Un seau d’eau a été déversé sur la terre battue.

Une fillette surgit de l’angle de la ruelle, un pain rond et doré, plus grand que son visage, dans le creux du bras. Short éponge vert, baskets et chouchous roses, les yeux sombres du Drâ, ongles du Rif décorés au pinceau, l’odeur du pain envahit la ruelle, puis sa bouche. Puis sa bouche encore.

Elle hésita. Puis, elle souleva le heurtoir.

Il était lourd. Lourd et chaud comme un corps endormi.

Elle vacilla, se rattrapa de justesse au chambranle.

Le désert cognait derrière elle. Une cage vide suspendue à une enseigne se balançait, un bout de ruban rouge noué le long des barreaux.

 

*

 

A l’intérieur, le craquètement des femmes avait redoublé, amplifié par la pierre et l’eau que les vapeurs répercutaient d’une pièce à l’autre.

Elles lui avaient fait boire un thé sucré. Peut-être parfumé à la coriandre et à la fleur d’oranger.

Puis elles lui avaient lavé le corps et les cheveux, longuement, sensuellement, avec des onguents et des plantes mystérieuses, elles avaient savonné, rincé, huilé, pétri, son corps et ses cheveux. Chaque partie. Chaque surface, savonnée, rincée, huilée, pétrie. Son corps et ses cheveux.

Une radio portative crachotait les accords de « I want to be love for you » et elle se dit qu’elle pouvait flotter, que personne n’irait la chercher jusque là.

Elle entendit les seaux qu’on continuait de verser sur elle comme des claques, les brosses qui s’abattaient sur son crâne. Elle entendit les youyous et les rires comme de la rocaille. Elle entendit les gants qui frictionnaient sa peau jusqu’au détachement, jusqu’aux bleds de Taskan et de Tafraout, elle entendit les guitares ngawah.

Elle entendit la porte battre deux fois dans un craquement d’os.

Elle vit les ciseaux.

Elle pensa à Fouzia.

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