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Les Ateliers de traverse

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Ateliers de traverse 14

" Preuve et Epreuves du sentiment en littérature" 

décembre 2013

à Caen

 

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Ateliers de traverse 30

 

Le rêve de...

  le 19 février 2014

à Nîmes

 

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Ateliers de traverse 76

Ateliers du jeudi 

saison 2013 - 2014

à St Germain des Essourts

 

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Ateliers de traverse Lilas - Paris

Fais ton cinéma!

saison 2013 - 2014

à Paris

 
16 février 2013 6 16 /02 /février /2013 04:21
basquiat

Jean-Michel Basquiat

 

Nous ne sommes pas le mouvement sur des canapés mous. Nous ne sommes pas ce mouvement syncopé de l’amour sur des écrans difractés où se tapissent les pyjamas de célibataire en textiles antibactériens. Ils suffoquent les petits propriétaires de Rien. Ils ont le col mou et serré. Ils viennent m’entretenir de colorants quand je pense écru. Nous ne sommes pas le pourtour des monuments de commémoration. Nous nous heurtons sans conséquences à égalité de génération, les vieux et les jeunes répartis dans des box d’incivilité consubstanstielle.

 

A l’arrêt de tram quelqu’un crache sur mes bottes. Je regarde les panneaux lumineux qui indiquent le prix des chambres à la soirée, c’est tout. Je rentre avec ma valise. Des nuages circoncis s’agitent sur les créneaux du château. La Loire enjambe des flots surannés. Tu vas me parler des ponts que nous ne franchirons jamais et mon cœur battra la campagne pour retrouver ce parfum perdu à jamais de l’amour égaré dans les prés. Il y avait quelques moutons. Il y en aura toujours. Des moutons empaillés avec de la peau de bique. Des agneaux que le loup mangera persillés. Des attitudes qu’il ne conviendra pas de dissimuler.

 

J’ai devant moi le mouvement de la chair et le repli de la cire quand elle coule sur la bougie. Des vanités que l’on emprunte pour faire brûlante impression. J’ai devant moi le mouvement de la chair et le repli de la cire quand elle coule sur la bougie. Le rideau gris tombe sur le petit lit du bureau. Le ciel était comme une hémorragie interne. Les gens étaient plats comme un électrocardiogramme. Il y avait ce cri comme un tégument qui continuait de se propager.

 

Nous ne sommes pas contraints à nous agenouiller devant l’apothéose des tyrans. Ce sont nos  cavernes noires. Nous créons du mauvais. A partir de ces petites étincelles, nous ne voyons qu’un bout, celui des yeux qui brillent, celui des cheveux qui prennent feu, celui des corps qui calcinent, dans des plaines atemporelles où s’aimer n’a plus de sens. Les tambours écrasent des hanches et des chevaux délirants. Il pleut. Il pleut, tu crois. Tu crois qu’il pleut. Et tu ne m’embrasses plus jamais même si je le voulais. Nous ne sommes pas volubiles aux mêmes incantations, l’église sonne et les divas transpercent les appartements de 110 m2 sans qu’il y ait forcément du bonheur. Je plie légèrement du talon. On me tient le bras. J’embrasse un front. Nous ne sommes pas l’espace de sécurité protégé, mais presque, non que ce soit une finalité. Nous bêlons.

 

Mâche. L’orange posé sur les verts  comme dans une coupe de fruits. Fosses aquatiques borderline. Trois seringues pointées vers le haut, lèvres à lèvres purulentes. Une femme tremble, une femme frissonne. Aiguilles urbaines sur lesquelles s’affolent les passions. Un homme aux cheveux blancs regarde la neige tomber, bleue, rouge, sur ses épaules. Il grimpe, ce samedi, vers un sommet caché par des matins cliniques que la rosée recouvre comme du linon. De toutes jeunes filles dans des vergers sous la pression onirogène d’un ciel qui ne ment pas. Mâche. Ce que nous ne sommes pas dans ce mouvement trompeur. Ce que nous ne sommes pas, c’est ce qu’il y a au bout. Mâche. La dépendance de nos prises dans le couloir parallèle au mur. La dépendance verrouillée à la puissance des actes. Rumination toxique. Moment unique en fermentation. L’œil qui revient sur soi, l’œil qui se brise comme un œuf dans une soucoupe, qui ne coule pas. Perspective alvéolaire. Au bout du bout de la lunette, je ne vois rien du tout. L’œil géant et la jambe atrophiée, cette jambe ridicule qui fait le tour des choses.

 

Ce que nous ne sommes pas c’est le goulot étroit sur l’écran mixte d’un rêve brouillé. L’enfant penché sous intraveineuse attendant le mauvais lait auquel il est habitué. La glace qui absorbe le sniffeur de poudre et le bâton d’ADN qui jette des sorts. Il fait noir. Les champignons pourrissent comme des langues instables. Jésus rame dans un bac à coke. Une tête de Siva enterrée dans la terre meuble les actualités. Mâche. Les tours carrées, sociopathes, dans la chambre aux bruits d’escalator. Buvard bleu, buvard rouge, buvard arc-en-ciel d’un monde enseveli sous les rouages. Un couple s’embrasse, un couple s’enlace, un couple se perd. Je rentre dans le monde fragile des œufs coque servis en équilibre par le petit bout. Je rentre dans la pièce caoutchouc, la pièce aux poix rouges. Je rentre dans ma robe sur-mesure, ce que je ne suis pas, les barbarismes, le col de dentelle en moins. Je rentre dans le pétrole des jours. Ce que nous ne sommes pas. Ce que nous ne sommes plus. Ces corps qui laissaient passer la lumière comme des bouteilles lavées au vinaigre

 

Mâche. 270 capsules. 270 portraits écarquillés. Une seule boîte crânienne. Derrière la porte, la réflexion est une lame de rasoir abandonnée sur un miroir. Derrière la porte quelqu’un laisse tomber ses cheveux blancs, quelqu’un demande quand finira demain si tout se renouvelle. Derrière la porte, les vaches laitières flottent dans des peaux trop grandes. No milk to die, no milk to die. Je bois pour nourrir le mal-ardent dans les structures du moi infini. Petite chose exaltée, sans principe de réalité. Mâche. Les touches de la béquille sur le béton au milieu des livres factices. Un vieil homme tourne l’angle, une croix subliminale autour du cou. Pas de surveillance psychologique. Nous sommes Nus ce que nous ne sommes pas. Nous sommes le nu visible de ce que nous ne sommes pas. Les préservatifs côtoient les cotons argentiques dans un fond de tiroir vernaculaire. Les murs sont pris par la vitesse du risque. Lenteur de principe comme un sabot macabre qui décompte le temps et la ruine. Nous nous tenons, asyntaxiques, les bras serrés le long du corps reliés à des sondes, des petits trous pour regarder au travers. Nous sommes le nu visible de ce que nous ne sommes pas. La fente de la roche qui fume, du graphite plein le menton comme si quelqu’un s’y était repris à deux fois pour tout effacer. Ce quelqu’un tend aussi le démaquillant.

 

Ce que nous ne sommes pas. Revenus en arrière. Ce que nous ne sommes plus. Des revenants. Atropa Belladone, les petites filles et la mort, toujours séchées dans un herbier. Je n’ai vu que le vide envahissant le vide et tout paraît si loin. Les poumons sont une abstraction, le cœur, une forme innommable qui bat faiblement sur l’étal. Je me couche pour trouver le moyen d’aimer, soulevant le rideau de la forêt profonde. Je marche sur les aiguilles douces et craquantes du pin majestueux qui devient sombre. Je marche au milieu des femmes en morceaux, le long d’un lit qui ne dort pas. Je me couche pour contempler les étoiles. Orientation de l’esprit, orientation du doigt. Je tire en visant d’un œil. Tu meurs et tu revis. Ce que nous ne sommes pas. Toute Puissance. Langage construit sous l’emprise de l’infiniment petit. L’homme dont la santé s’inquiète du peu. L’homme qui tamponne sa veine pour y créer des œuvres. Sa moitié confinée dans un cadre qui la dédouble et la dilate. Sa moitié sous influences, sa moitié complexe. Sa moitié évaporée. Le jeu de ficelles qui nous attache au stupéfiant modèle. L’homme qui désire, qui fait crier ses plaies, qui m’abandonne ouverte. Des manèges incandescents virevoltent à mes pieds. Des chevaux montent et descendent. Les mômes qui ont peur de chuter s’agrippent. Mains précieuses, lettres mortelles. Je suis l’état d’âme introduit au niveau du coude, parti-pris sans matière, tuyau plein d’amertume.

 

Mâche. Les silhouettes sous les nuages de polyamide. Mâche l’ennui sous l’arbre flotté, mâche le compagnon de voyage, mâche les bombes dans les assiettes de poupées. Mâche le poids de l’Herbe, mâche les volutes comme des voiles, mâche le cri de la toxine de porc sur la poitrine extatique de l’homme, mâche les doses pour le cœur dans une cour avec un peloton d’exécution, mâche les cuisses qui ne s’ouvrent plus sous la jupe baissée, compassionnelle, mâche la substance transhumée, l’innocence perdue dans le mouvement, mâche le courage comme un garrot sur la veine, mâche le cran de sûreté, l’inertie de la marge, le saignement de nez et la mèche qui prend feu sous les pétards. Mâche l’horloge qui déplace l’aiguille, mâche la main qui efface la trotteuse, mâche le chiffon doux sur l’adrénaline effacée des jours, l’eau qui ne s’écoule pas, psychotrope, dans le contour des choses… Ce que nous ne sommes pas

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