Le rouleau avait été brisé lors de leur dernière rencontre.
Les yeux fixés sur la fente du cylindre Monsieur se disait qu’il la haïssait. Qu’il haïssait le volume envahissant des seins de Lola. Qu’il haïssait la fermeté de son assise imposante. Qu’il haïssait ce désir d’elle.
Lola serait la troisième.
Le regard torve de Monsieur remontait le long de la fente. Fontaine interdite. Fissure conquise par une toison. Il la lui arrachera. Il verra. Il prendra. De toute façon c’était ridicule cette dispute à propos de ce maudit rouleau.
Sous l’insulte très primaire le rouge envahit les bords déchiquetés du rouleau. Vexée la céramique s’est lentement incarnée. Son teint blafard a rosi. Sa rigidité s’est assouplie. Des parois, une douce chaleur s’est dégagée. Et une odeur aussi. La terre s’est mise à se déformer et à enfler. Une cuisse, deux cuisses à califourchon au dessus du vide. Le bout du rouleau, un sexe.
Atterré Monsieur voit croître la femme. Ce corps nu, lieu de passages. Lieu d’écritures. Les bras qui se tendent, menacent, implorent. Le visage qui paraît lentement. Monsieur se décide. C’est maintenant. Maintenant qu’il doit en finir. Le glaive de la rédemption raidit dans son pantalon à rayures blanches sur fond noir, il est prêt. Il saisit le rouleau. Non ! La femme. Enfin ! Ce qu’il en est de l’un et de l’autre !
La fin d’un viol. Celui du rouleau. Le bout du rouleau.